J’ai écouté le discours du Premier ministre sur le budget et les finances publiques -sans m’endormir. J’ai aussi lu les commentaires effarouchés de part et d’autre, politiques, syndicalistes, économistes.
Ce qui est à la fin frappant est le grand écart entre le constat et les propositions. Le constat établi n’est pas faux, à la fois sur la taille de la dette, sur le montant des dépenses publiques et sur la déception collective quant aux résultats. On a même une once d’autocritique quand apparaît le montant des aides aux entreprises, les 211 Mds€ versés à des dirigeants qui n’y voient là aucune forme d’assistanat ou de gaspillage d’argent public. A 211 on n’est pas loin du déficit budgétaire de l’année.
On aurait du (du ?) alors s’attendre à un grand travail de remise à plat des politiques publiques. Eh bien non. Le long catalogue de mesures ne change rien au fond. La machine est à bout de souffle, mais au lieu de la changer, on y ajoute/enlève quelques petits tuyaux, valves et robinets. Je comprend les intérêts de la manoeuvre : le gouvernement évite d’ouvrir des vraies discussions de fond, cela évite de renouveler le loupé du débat sur les retraites. Et il donne à l’opposition l’occasion de faire preuve de « créativité » en proposant d’ajouter encore quelques bidules à la machine. Qui marchera tout aussi mal évidemment.
Bref, à l’issue du vote du budget (si vote il y a), on aura peut être trouvé le chiffre magique de 44 Mds €, mais rien n’aura été résolu ou changé. Et comme ensuite on sera en campagne électorale, ce ne sera pas bien mieux à la fin de 2026. Cela ressemble à un grand écart avec des échasses.