lisez moi

Dites-moi, je vous prie, de quel côté faut-il me diriger ? demanda Alice.
Cela dépend beaucoup de l’endroit où vous voulez aller, dit le Chat.
Cela m’est assez indifférent, répondit-elle.
Alors peu importe de quel côté vous irez, dit le Chat.
Pourvu que j’arrive quelque part, ajouta Alice en explication.
Cela ne peut manquer pourvu que vous marchiez assez longtemps, dit le Chat.

Liberté à gauche et à droite

Ah,le sens des mots…. déjà rappelons que la droite a des libertariens. ça a une autre allure qu’anarchiste, sur le fond ce n’est pas très différent comme concept en première lecture. la « seule » différence est l’épaisseur du compte en banque du libertarien typique. Plus facile de se passer d’Etat dans ces conditions.

Pour en revenir à la Liberté chère au coeur des libéraux (en principe) et des républicains français (le premier mot de notre devise trinité…). Quelques idées un peu en vrac. La première, sagesse de 1789, est que Liberté sans égalité et sans fraternité n’a pas de sens. La deuxième idée qui émerge des prises de positions politiques de part et d’autre de l’Atlantique, mais aussi entre Europe et autres pays, est plus fine.

l’Europe libérale (et soyons juste, les Démocrates aux Etats-Unis) défendent une conception de la liberté qui est à la fois de faire et surtout d’être. La première conception de la liberté (faire) est celle qui prédomine à l’origine, et que se décline ensuite en liberté d’aller et venir, liberté d’expression.

La seconde conception de la liberté, celle d’être, est venue plus progressivement, même si elle était présente dès 1789 avec l’abolition des ordres et des privilèges : cela donnait à chacun la liberté d’être qui il voulait socialement, et non d’être enfermé par sa naissance dans un rang donné. Dans sa version contemporaine, cette liberté a été spectaculairement étendue aux moeurs et à la vie privée : liberté du mode de vie, de se marier/divorcer, liberté sexuelle, liberté du genre….Le projet du revenu universel ses situe dans cette logique en offrant à chacun une base pour se définir.

Or ce qui est frappant est comment les droites extrêmes contemporaines veulent restreindre ou nier cette liberté d’être. C’est le sens de leur obsession identitaire (à lire dans ce sens détestable et essentialiste que nous sommes uniquement notre passé et incapables de nous affranchir, et même que nous ne devons pas nous en affranchir). C’est le sens aussi du retour en arrière qui se fait sur les questions de genre, d’avortement, de liberté et conduit aux extrêmes vus en Russie et en Hongrie, et, de plus en plus, aux Etats-Unis. C’est aussi ce qui anime l’obsession hindouiste de Narendra Modi, ou qui a contribué à détruire le Liban.

En France, ces tendances bornées sont présentes aussi. Tous ceux et celles qui dénoncent sur tous les tons une « idéologie woke » imaginée sont en fait dans ce refus de la liberté d’être.

La boucle est bouclée, ceux qui se prétendent défendre la liberté promeuvent une liberté étriquée – et sous solide contrôle. Protégeons la liberté d’être qui nous voulons