La (brève) allocution du PR du jeudi 5 décembre a été un mélange de prévisible et d’étrange. Accroché à son mandat il tente une voie de sortie, qui est en fait la seule à sa portée. Il doit déguiser son enfermement en autorité.
Prévisible….
L’absence complète de remise en cause des décisions prises ou de la politique suivie, malgré le rejet très net exprimé dans deux élections. La dissolution n’est pas une erreur, elle a juste été mal expliquée. Pas question d’admettre la faute. Quant à la politique à suivre, pas un mot. Le squelette de programme esquissé par le discours est une continuité. Les électeurs peuvent à bon droit se demander à quoi ont servi leur bulletin.
Prévisible par la non désignation d’un nouveau premier ministre. Il est de toute façon très difficile de trouver un candidat adapté à la situation du moment. De plus notre Président n’est pas connu pour aller vite sur ces sujets. Souvenons nous des deux mois passés à trouver Michel Barnier, comme du mois passé à composer l’équipe de Gabriel Attal. Ne rêvons pas trop à une résolution dans les « prochains jours ».
Plus inattendu, à moins que je n’arrive pas à m’habituer?
D’abord cette mauvaise humeur devant ce que notre Président a traité avec dédain de front antirépublicain, en lui reprochant son absence d’unité et son absence de vision. On peut retourner la critique : le vote a été une expression de démocratie, le camp du premier ministre n’a pas spécialement fait preuve de cohérence, et ne s’est pas privé de négocier avec le RN, certes sans succès. On en est venu au point où il était de fait plus acceptable de discuter avec le RN qu’avec le NPF rejeté dans l’extrême gauche. Va t-on bientôt ressortir l’image de l’homme au couteau entre les dents cher au coeur des polémistes des années 20 ?
Ensuite le Président a insisté sur sa légitimité et sa détermination à tenir encore les 30 mois de son mandat, mais sans vraiment donner d’indication sur pour quoi faire. Se prenant pour un roi, il veut faire passer le message que sa seule présence suffit. Est ce républicain.
Enfin, le Président n’est jamais responsable de ce qui va mal, il est très fier de tout ce qui va bien, d’où cette envolée sur Notre Dame et sa reconstruction ( mais où est la laïcité là dedans ?). Certes beau projet, très flatteur pour l’ego, mais la vie des électeurs en sera -t-elle changée ?
La petite ouverture est fondamentalement la reconnaissance que la situation politique oblige à renoncer à de futures grandes ambitions. C’est le sens du gouvernement d’intérêt général évoqué par le Président. On peut le prendre dans un sens positif d’ouverture et de recherche de compromis. On peut craindre une nouvelle version de son ambition a-démocratique de gouverner au centre en excluant de fait la majorité des électeurs. Le PS semble prêt à jouer le jeu, c’est une tactique risquée mais pourquoi pas. Aura t-il des gages suffisants pour ne pas se renier, face à une droite très hostile et face à un tropisme de droite de plus en plus affirmé de E Macron.
On a à ce moment au moins trois scénarios : celui de ce gouvernement d’intérêt général, celui d’un nouveau blocage, ou celui d’une complète bascule à droite. Notre Président va peut être regretter la suite de son règne, surtout qu’à l’horizon il n’a ni JO ni Notre Dame