Le débat budgétaire en cours au Parlement, et qui pour le moment est bien peu concluant, est pour autant un révélateur de la désintégration du discours politique. Désintégration qui est de trois ordres :
La plus évidente est la désintégration politique des partis et des alliances. Elle était attendue -et avait déjà commencé, la question étant « juste » de savoir à quand la faire remonter dans le temps- mais elle a vu une accélération spectaculaire à l’occasion de la discussion du projet de Loi de Finances. Cela a commencé par un projet préparé en catastrophe, en raison à la fois du calendrier politique issu de la dissolution de juin, et de la détérioriation des comptes publics. Cela a continué par des échanges et des votes à géométrie variable, entre les trois grands morceaux de l’Assemblée nationale, et surtout à l’intérieur de la « majorité » de gouvernement, qui a démontré en quelques semaines son artificialité et sa précarité. C’est ainsi qu’un Vice Président écologiste a été élu, profitant de la désunion de l’union supposée soutenir le Gouvernement. Relisons les propos de l’été dernier sur la « fragilité » du Nouveau Front Populaire pour apprécier l’amère saveur de ce qui se passe.
Désintégration de la pensée aussi : la multiplication des amendements et propositions de tous bords n’a d’égale que leur pauvreté intellectuelle et/ou leur caractère dérisoire. Va t-on changer la France en taxant les navires de plaisance ou en augmentant le reste à charge des dépenses de santé ? Cette désintégration est cousine de la troisième , qui est la
perte de toute intégrité ou de tout respect pour la vérité ou la cohérence. Une Dés-intégrité en quelques sortes, qui n’atteint pas les sommets du Trumpisme, mais s’en rapproche par la propension de chacun à vivre dans sa propre réalité et à inventer ses propres faits. La parole performative du Président a fait des dégâts en ce domaine, mais les torts sont bien répartis sur tous les camps politiques. La prime à la posture renvoie au culte de l’instant, elle renvoie aussi à la fascination de touts pour la prochaine élection présidentielle, qui de fait va stériliser l’action de réforme pour deux ans et demie. Quel que soit l’élu (e), l’incapacité à dire la vérité avant l’élection sera ensuite une immense source de déception qui nourrira la machine a délégitimer l’action politique.