lisez moi

Dites-moi, je vous prie, de quel côté faut-il me diriger ? demanda Alice.
Cela dépend beaucoup de l’endroit où vous voulez aller, dit le Chat.
Cela m’est assez indifférent, répondit-elle.
Alors peu importe de quel côté vous irez, dit le Chat.
Pourvu que j’arrive quelque part, ajouta Alice en explication.
Cela ne peut manquer pourvu que vous marchiez assez longtemps, dit le Chat.

Clarification (s)

La dissolution de cet été avait deux objectifs annoncés : donner la parole au peuple (voir billet précédent) et aboutir à une clarification. Quinze jours après le second tour, où en sommes nous ?

Au delà du brouhaha qui règne depuis, et qui se traduit par une ambiance des plus tendues à l’Assemblée, apparaissent déjà des clarifications -sans doute pas celles attendues par les fauteurs de dissolution : l’union de la gauche a tenu bon, malgré sa tendance interne au conflit et les quelques -modestes – appels du pied du camp dit central. Elle a certes manqué la cible « présidence » de la Chambre, mais a obtenu la majorité du bureau.

Ce qui reste de la « force » du centre confirme ce qui s’est passé depuis quelques années, c’est à dire son irrésistible tropisme vers la droite. C’est ainsi que la Présidente de la chambre a pu être réélue, par les voix des Républicains (qui ensuite ont eu l’outrecuidance de se prétendre dans l’opposition pour tenter en vain de mettre la main sur la Commission des Finances, pari heureusement manqué, à la fois pour la morale politique et pour un minimum de vrai débat à l’avenir).

Enfin, le RN a clarifié au moins deux aspects : d’abord, pour revenir à l’entre deux tours, la persistance de son fond xénophobe et nativiste, cf le débat sur les doubles nationaux. Ensuite, malgré tous ses discours, son amateurisme qui fait qu’il se retrouve sans aucun poste au bureau de l’Assemblée : les caciques du parti auront beau jeu de crier au complot, il reste que leurs mauvais choix tactiques ont aussi joué.

Au delà de ces premières lueurs dans le brouillard, la clarification se fait attendre, ce qui est assez logique au vu des rapports de force – ou de faiblesse – : incohérence des « majorités » successives au cours des votes de constitution du bureau, éclatement des députés en 11 groupes dont 8 (!) se disent dans l’opposition, tiraillements dans la « majorité » et ses trois morceaux, qui se parlent tout juste, un peu comme un ménage au bord du divorce qui sauve les apparences. Faiblesse aussi du NPF, tout simplement parce que JL Mélenchon a pour unique objectif la prochaine présidentielle et se soucie assez peu du reste.

Quant au Président, on aimerait bien qu’il applique la Constitution qui indique que « par son arbitrage, il assure le fonctionnement régulier des institutions ». Est-il le stratège de génie décrit par ses proches qui va trouver une voie de sortie magique ? Est il dépassé par les conséquences de sa décision de dissolution. Lui si prompt à s’exprimer est muet.